Le STRMTG présent à Mountain planet pour le séminaire « Transports à câbles – sécurité au top » (avril 2022)

Un des grands rendez-vous des professionnels de la montagne est le salon Mountain planet à Grenoble en Isère (voir l’encadré en fin d’article). Plusieurs agents du STRMTG étaient présents lors de cet événement qui a eu lieu du 26 au 28 avril 2022, notamment pour suivre le séminaire organisé le 27 avril par la Commission 6 de l’OITAF intitulé « Transports à câbles – sécurité au top ».
Retour sur ce séminaire qui expliquait à quel point, la sécurité est l’élément central et primordial depuis de nombreuses années pour les transports à câbles.

Les installations à câbles, une histoire mondiale de presque 2 siècles

Ce séminaire de l’OITAF a débuté par une rapide introduction sur l’histoire des installations à câbles qui existent depuis des siècles, avec l’utilisation de câbles textiles, mais se sont réellement développées avec l’industrialisation.
A partir de 1845 et avec le développement de l’acier, permettant notamment la réalisation de câbles dotés de performances bien supérieures à celles des cordes, les installations à câbles étaient utilisées pour le transport de matériels (pour les mines et les carrières) et les marchandises (notamment pour transporter des armes et munitions dans les montagnes).
En parallèle, une des premières installations de transport de personnes a été créée près des cascades de Niagara au Canada (cette installation n’existe plus mais a été remplacée par un funiculaire).
En Europe, Lyon a été la première ville à se doter d’un funiculaire en 1862.

Cette liste n’est pas exhaustive et pour en savoir plus, vous pouvez consulter la présentation diffusée au séminaire sur le site internet de l’OITAF. S’en est suivi de nombreuses inventions d’installations à câbles dans les stations de ski, (du téléski, au télésiège en passant par le téléphérique à va et vient, le funitel ou encore les télécabines) mais également depuis quelques années dans les villes avec par exemple, le futur téléphérique urbain à Toulouse.

La sécurité au cœur de ce développement

Au fil des années, les évolutions de ces installations à câbles ont porté sur l’amélioration de la vitesse, du confort, de l’esthétisme, de l’efficacité énergétique, de l’automatisation, etc.
Mais le vrai fil conducteur qui lie ces installations a été la recherche de la sécurité.
En effet, la composante « sécurité » n’a cessé de progresser pour rendre toujours plus sûr ce moyen de transport incontournable aujourd’hui.

La commission 6 de l’OITAF, à travers ce séminaire a mis en avant tous les éléments et acteurs qui œuvrent depuis plusieurs années à l’amélioration de la sécurité. Voici un bref aperçu.

L’amélioration de la sécurité grâce à l’évolution technologique

  • Amélioration sur le système des pinces et pour les débrayables du processus d’embrayage / débrayage ;
  • Développement d’appareils de nouvelles technologies (télécabine débrayable, concept de récupération intégrée des téléphériques , téléphérique génération D-Line, etc) ;
  • Amélioration également du confort de l’embarquement et des véhicules des téléphériques ;
  • Amélioration de l’embarquement des funiculaires ;
  • Amélioration de la surveillance du trajet avec un système de détection du déraillement d’un câble ;
  • Surveillance et contrôle des câbles ;
  • Fermeture et ouverture automatique des gardes-corps sur certains télésièges ;
  • Amélioration des systèmes de communication pour contacter le personnel de service ;
  • Sur les funiculaires, mise en place de systèmes d’extincteurs et autres moyens de lutte contre l’incendie ;
  • etc.

De nombreuses normes européennes pour augmenter cette sécurité

Depuis le 21 avril 2018, le nouveau règlement européen 2016/424 du 9 mars 2016 relatif aux installations à câbles est pleinement applicable en remplacement de la directive 2000/9/CE.

Ce règlement est dans la continuité de la directive* et s’impose à tous les États membres de l’Union Européenne.
Il établit les règles relatives à la mise à disposition sur le marché et à la libre circulation des sous-systèmes et composants de sécurité destinés aux installations à câbles. Les normes harmonisées qui l’accompagnent détaillent les règles relatives à la conception, à la construction et à la mise en service des nouvelles installations à câbles.

*Une directive, c’est un cadre politique avec des lois derrière lesquelles des normes harmonisées vont être produites et qui se doivent de respecter les exigences essentielles de la directive.

L’application de ces normes harmonisées est une manière de démontrer, sans autres justifications particulières, la conformité aux exigences essentielles définies par le règlement. Cependant, il est également possible de démontrer par d’autres justifications particulières (études de sécurité, autres normes, essais…) que des composants de sécurité ou des sous-systèmes sont conformes aux exigences essentielles. Les normes harmonisées ne sont donc pas obligatoires.
L’élaboration de ces normes a été confiée par la commission européenne au comité européen de normalisation (CEN). Au final, les normes harmonisées sont au nombre de 23 (de très haut niveau en termes de sécurité) et sont reconnues au niveau mondial et utilisées dans de nombreux pays ne disposant de référentiel historique.

Schéma Règlement et normes

Directive/Règlement européenExigences essentielles obligatoires
Normes harmonisées Spécifications techniques non obligatoires

La sécurité à toutes les étapes d’une installation à câble

La construction d’une installation à câble passe par trois étapes : la conception, la fabrication puis la construction.

  • Conception : Analyse de sécurité, Calcul, Essais, Certification CE.
    Au départ de la conception, les constructeurs réfléchissent aux pires problématiques/combinaisons auxquelles les produits ne seront pourtant probablement jamais soumis, font des calculs, des essais puis pensent à des parades et atténuations pour arriver à un produit sûr.
    Puis intervient la certification de conformité de la conception par un organisme notifié (ON), qui fait ses propres vérifications, ses propres calculs, pour obtention du marquage « CE ».
    Le marquage « CE » figure sur la majorité des produits non alimentaires. Il matérialise l’engagement du fabricant du produit sur sa conformité aux exigences fixées par la réglementation communautaire. Il doit être apposé avant qu’un produit ne soit mis sur le marché européen.
  • Fabrication : Automatisation, Contrôle de qualité
    La fabrication se fait par automatisation et pré-assemblage avec un contrôle qualité tout au long de la fabrication.
    Les ouvrages en béton armé et le ferraillage sont contrôlés tout au long du processus.
  • Construction : Contrôle de qualité, Essais
    Enfin, de nouveaux contrôles sont réalisés avec des essais en charge et tous autres tests en réel avant la mise en service pour vérifier la pertinence de la conception issue de l’analyse de sécurité initiale.

Une organisation mondiale au service de la sécurité : l’OITAF

L’OITAF (organisation internationale des transports à câbles) a été fondée en 1959 à Milan en Italie.
Aujourd’hui, l’OITAF est composée de 155 membres de 33 pays différents.
Cette organisation a été créée pour apporter des réponses aux problèmes des différents acteurs (exploitants, entreprises de téléphériques, fabricants de transports à câbles, autorités de surveillance, …) et proposer des recommandations qui sont des références pour les pays qui n’ont pas de réglementation spécifique.

6 commissions d’études sont actuellement actives au sein de l’OITAF :

  • Commission d’études n° I : Technique des transports à câbles et recommandations
  • Commission d’études n° II : Propriétés et contrôle des câbles
  • Commission d’études n° III : Dispositifs électriques et sous-ensembles des installations à câbles
  • Commission d’études n° IV : Problèmes juridiques, administratifs, économiques et statistiques
  • Commission d’études n° VI : Optimisation de l’exploitation des installations à câbles
  • Commission d’études n° VII : Environnement

Pour en savoir plus sur l’OITAF, vous pouvez consulte leur site internet

Des formations diplômantes du personnel

La compétence des personnels d’exploitation / maintenance occupe une place importante dans la sécurité des installations à câbles. De nombreuses formations du personnel des remontées mécaniques sont ainsi prévues : formation pilote de levage, mécanicien/mécanicienne, opérateur/exploitant, équipements mécaniques et électriques, premiers secours, gestionnaire/manager, spécialiste avalanches, normes et réglementations, météo et nivologie, la sécurité du travail, sauvetage sur piste, etc.
Des entretiens internes sont également prévus pour évaluer ces personnels.

Des contrôles et de la maintenance pour assurer cette sécurité

Une maintenance est assurée pour maximiser la sécurité et la durée de vie du système et minimiser les arrêts non volontaires et les coûts d’exploitation.

Les contrôles et la maintenance doivent être effectués selon un plan de maintenance prenant en compte les :

  • Manuels du constructeur
  • Normes (normes européennes CEN)
  • Accompagnateurs nationaux (ex. France : STRMTG)
  • Recommandations de l’OITAF
  • Expérience d’exploitation

Dans les stations de ski, il y a des maintenances journalières, hebdomadaires et mensuelles durant la saison puis des inspections annuelles et des grandes inspections après la saison.

Par exemple, pour un télésiège débrayable standard dans une station de ski fonctionnant en hiver :
1.120 h heures de fonctionnement par saison
1.460 heures-personnes de Maintenance
Pour 1 heure de fonctionnement de l’appareil, il y a plus d’une heure de maintenance de ce même appareil ce qui est considérable en terme de sécurité.

Système de gestion de la sécurité (SGS) : l’exemple français

En France l’article R342-12 du code du tourisme prévoit la mise en œuvre par chaque exploitant de remontées mécaniques françaises et de tapis roulants en zone de montagne d’un système de gestion de la sécurité (SGS) couvrant l’ensemble de ses installations.

Le SGS, qu’est-ce que c’est ?
Un outil pour les exploitants de remontées mécaniques et de tapis roulants de stations de montagne, destiné à renforcer la sécurité des usagers comme il en existe déjà dans d’autres modes de transports.
Il organise et structure au niveau de l’entreprise, l’ensemble des moyens, des règles, des procédures et de méthodes dans un objectif d’assurer la sécurité.
Pour en savoir plus sur le SGS, consultez la rubrique dédiée à ce sujet sur notre site internet du STRMTG

Un SGS permet ainsi :

  • une meilleure intégration du retour d’expérience dans le dispositif afin d’améliorer le niveau de sécurité.
  • un système audité par des personnes agréées ou par le service du ministère des transports, donc des audits plus ciblés sur les problématiques de sécurité.
  • un système adapté à chaque exploitant qui peut mettre en place une organisation adaptée à son contexte spécifique.

Pour terminer, un REX

Enfin, la fin du séminaire a été consacrée à présenter des retours d’expériences (REX) de quelques pays sur :

  • la gestion de l’embarquement sur les télésièges
  • la gestion de l’embarquement sur les téléportés & funiculaires
  • la gestion du vent
  • l’organisation des secours
  • des statistiques
     
QU’EST-CE QUE LE MOUNTAIN PLANET ?
Le salon Mountain planet, anciennement « Salon de l’aménagement de la montagne (SAM ) » est un évènement qui a lieu depuis 1974 (suite aux Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble). Ce salon accueille tous les 2 ans le plus grand rassemblement international des professionnels du monde de la montagne. « Le salon réunit les professionnels de la montagne d’hiver mais aussi d’été, ainsi que les aménageurs de reliefs urbains. Avec près de 70 pays représentés en 2018, Mountain planet accueille toutes les nations « montagne » de la planète. Le salon est le rendez-vous des acteurs internationaux du secteur qui viennent présenter et découvrir les dernières innovations mondiales en matières d’aménagement des territoires de montagne et d’exploitation de stations de ski ».
Du 26 au 28 avril 2022 c’était la 25ème édition du Mountain planet à Grenoble (Isère, 38).

Article rédigé par le Pôle communication, documentation, archives (PCDA) du STRMTG avec l’aide de la présentation de l’OITAF et relecture par le département installations de transports par câbles (DITC) du STRMTG.


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